La rencontre.
Dernière partie.
Il est vrai que cette réponse est pertinente, même si elle s’achève par une interrogation. J’évite de poursuivre cette conversation car elle n’apporterait aucun élément important. Certes, elle pourrait améliorer notre relation naissante mais je suis un individu qui aime bien prendre son temps et qui adore que les évènements se fassent normalement. Très vite, je tourne mon visage pour porter mes yeux sur la mer et aussitôt, je porte ma tasse à mes lèvres et voilà que j’avale une première gorgée. La boisson chaude me fait du bien alors que la température de l’air n’est pas si fraîche que ça.
Bizarrement, je me sens bien en compagnie de ce chat alors que nous venons tout juste de faire connaissance. Plus loin, les voix de mes voisins me parviennent et j’entends des brides de questions parmi leur conversation. Si vraiment ce nouvel habitant les intrigue autant, qu’ils viennent faire sa connaissance alors de discuter comme ils le font. D’ailleurs, je suis sûr que Câlin est au courant de tout ce qu’il se dit et puis après tout, il ne faut pas oublier que c’est un félin et que ces animaux ont l’ouïe plutôt fine. Soudain, j’entends Myrtille qui s’inquiète.
- Si ça se trouve, il va me manger un jour et personne ne sera là pour me protéger.
Dit-elle aux autres qui ne savent quoi lui répondre. De mon côté, je ne peux m’empêcher de rigoler tellement je trouve sa naïveté si innocente.
- Je n’aime pas manger les souris car on ne sait jamais où elles ont traîné, m’informe le chat.
Suite à cette remarque pertinente de sa part, je ne peux m’empêcher de rire. Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas rigolé à la plaisanterie d’une personne que cet esclaffement me fait le plus grand bien. Grâce à cette joie si grande, des larmes me montent aux yeux et chose étrange, Câlin se montre inquiet.
- Tout va bien Jordan ?
- Oui, ce sont des larmes de joie donc, aucune raison de se préoccuper.
Quelques secondes plus tard, je parviens à retrouver mon calme et mon sérieux tandis que Câlin cesse de se faire du mouron envers ma personne. Peu après, nous entendons des pas dans notre dos. Comme à mon habitude, je me garde de me retourner pour savoir qui vient vers nous car je sais très bien que tôt ou tard, une voix se manifestera. Buvant une nouvelle gorgée de mon café, je ne suis guère surpris d’entendre Myrtille adresser un bonjour timide au chat.
- Bonjour, dit-elle en rougissant.
- Bonjour, lui répond Câlin.
- Cela fait vraiment plaisir de voir un nouvel habitant dans notre village. Je m’appelle Myrtille et je suis contente de faire ta connaissance.
- Moi, c’est Câlin et rassures-toi sur un détail, je ne compte pas te manger.
- Quoi ?
Myrtille est très gênée car jamais elle n’aurait cru que sa conversation avec les autres villageois puisse parvenir jusqu’à nos oreilles. Du coup, la souris bleue ne sait quoi dire et se demande si elle doit jouer la carte du mensonge et de l’ignorance. Alors que le rongeur s’apprête à briser ce silence embarrassant, Câlin n’hésite pas à se montrer franc.
- Tu sais pourquoi je ne touche pas aux souris ?
- Non.
- Parce qu’on ignore toujours où elles ont traîné.
Aussitôt, Myrtille s’énerve légèrement et cherche à obtenir une explication valable.
- Je te signale que je prends une douche tous les jours.
- Et alors ? Tu l’a prends le matin ou le soir ?
- Le matin afin de me réveiller.
- C’est bien ce que je disais.
Câlin retourne à sa tasse de café tandis que tout se bouscule dans la tête de la petite souris. Sa colère augmente et voilà qu’elle ressent le besoin de serrer les poings pour éviter de commettre une bêtise.
- Ca veut dire quoi ça ?
Tranquillement, le chat éloigne sa tasse de ses babines et tourne sa tête pour répondre à celle qui est venue nous rejoindre.
- Cela veut dire que tu te dégueulasses le restant de la journée. J’ignore si tu es au courant mais lorsque tu te promènes, tu marches sur du caca de fourmi et ça, c’est vraiment dégoûtant. Pour cette raison que je ne songerais jamais à te manger, surtout si c’est pour tomber malade.
- Espèce d’idiot !
Très en colère, Myrtille lui tourne le dos et s’éloigne afin de retourner sur la place de la mairie qui est devenue déserte depuis son départ. Désormais, je me retrouve seul avec Câlin et je dois avouer qu’il est très doué pour énerver les filles. Après tout, peut-être qu’il ne les aime pas mais bon, cela ne regarde que lui et je serais vraiment cruel si je devais le juger. Alors que le calme est de retour parmi nous, c’est dans une atmosphère paisible que nous finissons le contenu de nos tasses. Ensuite, Câlin prend la mienne et se relève pour retourner chez lui.
- Tu penses qu’on se verra dans la journée ?
- Bien sûr et si tu ne me vois pas dans les parages, n’hésite pas à me rendre visite chez moi, lui répondis-je.
- Entendu.
Et c’est sur ce dernier mot que nous nous séparons. Une fois que j’entends la porte d’entrée de sa demeure se refermer sur son passage, j’en profite pour me mettre debout et réfléchir. Que pourrais-je faire pour m’occuper aujourd’hui ? Ha oui, je sais. Allons faire un petit tour dans la mairie pour savoir si un habitant à jeter quelque chose dans la poubelle. Si l’objet en question est encore en bon état, je pourrais le récupérer pour le mettre chez moi et ainsi, je pourrais faire des économies.
Ni une ni deux, je fais demi-tour sur mes talons et je marche en direction de la mairie tandis que je lève mon regard vers le ciel. Le soleil est là et pas le moindre nuage à l’horizon. Oui, cette nouvelle journée s’annonce aussi radieuse que celle de la veille et j’ai hâte de la vivre pleinement, surtout avec ce nouveau voisin dans le secteur.